Eric Neuhoff et son regard acéré sur le cinéma français contemporain

Dans son ouvrage provocateur « (très) Cher cinéma français« , publié chez Albin Michel, Eric Neuhoff, écrivain et critique connu pour son esprit mordant, livre une critique sans concession du paysage cinématographique français actuel. Avec un ton qui oscille entre l’amertume et l’ironie, Neuhoff dépeint un secteur qu’il juge en manque cruel de passion, de risque et, surtout, de nécessité.

Un pamphlet contre le cinéma français

Neuhoff, dont la plume s’inscrit dans la tradition des Hussards, mouvement littéraire français valorisant le style et l’indépendance d’esprit, n’épargne personne dans son réquisitoire. Il cible notamment les acteurs qui « préfèrent penser que jouer » et les réalisateurs dont les œuvres manquent, selon lui, d’ambition et de fantaisie. Son diagnostic est sévère : le cinéma français produirait des films à la chaîne sans que cela ne suffise à créer de véritable cinéma.

Des cibles privilégiées

Parmi ses critiques, Neuhoff s’attaque à des figures emblématiques comme Isabelle Huppert, symbole d’un cinéma prétentieux et inaccessible, ou encore les frères Dardenne, qu’il accuse de produire « du rien multiplié par du creux ». Il va jusqu’à remettre en question l’influence contemporaine de réalisateurs tels qu’Olivier Assayas ou François Ozon, comparés défavorablement aux géants du passé comme Godard ou Truffaut.

Une industrie à la dérive ?

L’auteur ne se contente pas de critiquer les figures du cinéma, il s’en prend également à l’ensemble de l’industrie, qu’il compare à un « vieux beau » ayant recours à la chirurgie esthétique pour masquer ses défauts. Pour Neuhoff, le soutien inconditionnel du CNC, des chaînes de télévision et des régions ne fait que perpétuer un système produisant des films sans véritable âme ni nécessité.

La nécessité du cinéma selon Neuhoff

Malgré son tableau plutôt sombre, Neuhoff n’abandonne pas tout espoir. Il rappelle que le cinéma doit être l’affaire de ceux pour qui créer des films est une nécessité vitale, des artistes prêts à tout sacrifier pour leur art. Il évoque avec une certaine nostalgie l’époque où le cinéma représentait quelque chose de plus grand que la vie elle-même, où les films faisaient partie intégrante de l’imaginaire collectif.

Un esprit critique à la recherche d’authenticité

Si Neuhoff semble parfois nostalgique d’une époque révolue, son appel à un cinéma plus authentique, risqué et passionné résonne comme un défi lancé aux cinéastes d’aujourd’hui. Dans une industrie qui semble parfois privilégier la quantité à la qualité, les mots de Neuhoff invitent à une réflexion plus profonde sur ce qui fait le cœur du cinéma : la capacité à émouvoir, à surprendre et à innover.

À travers ses critiques acerbes et son amour évident pour le cinéma, Eric Neuhoff rappelle que le septième art, pour conserver son essence, doit constamment se réinventer et oser prendre des chemins moins balisés. Son pamphlet, « (très) Cher cinéma français », se lit donc comme un cri du cœur pour un cinéma français qui retrouverait le chemin de la passion et de l’audace.

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