Voici un film qui s’est distingué lors de récents festivals de films d’animation : Les larmes de la Seine de Yanis Belaid, Eliott Benard, Nicolas Mayeur, Etienne Moulin, Hadrien Pinot, Lisa Vicente, Philippine Singer et Alice Letailleur, étudiants de l’école française de création numérique Pole 3D.
Ce court-métrage d’animation en 3D de neuf minutes met en scène le massacre de manifestants algériens à Paris en 1961, un événement que le gouvernement français a nié jusqu’en 1998. Il a eu lieu au plus fort de la guerre d’indépendance algérienne, qui commençait à se retourner contre les Français, mais c’était aussi une période où les droits des citoyens algériens étaient soumis à des restrictions croissantes. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester, jusqu’à ce qu’elles soient attaquées par la police, ce qui a fait entre 40 et 200 morts, selon les sources.
Le court-métrage en question met en lumière la façon dont certains des manifestants ont perdu la vie ou ont été gravement blessés dans ce processus, grâce à un dispositif inventif rarement utilisé dans les films d’animation. Notre protagoniste, Nabil, est dans la rue avec sa caméra. Nous voyons le monde de son point de vue alors qu’il se prépare à rejoindre la manifestation, qui bat déjà son plein. La caméra se rapproche des visages des personnages dans la foule, dans l’obscurité des rues de Paris, enregistrant l’anticipation, l’excitation et la peur, mais aussi l’espoir. Ses mains tremblantes tentent de maintenir la caméra en place, ce qui dénote une grande émotion et donne lieu à un style documentaire qui nous permet de nous concentrer sur des détails qui nous semblent personnels et, souvent, significatifs : des connaissances qui se disent bonjour, les réactions des policiers, un homme blessé allongé sur le sol…
